vendredi 30 novembre 2012

Erzurum - Doğubayazıt : Güle güle Türkiye


En voyant le gıvre sur nos duvets au reveıl a Erzurum, on decıde de s'armer contre le froıd quı nous attend. On écume donc les surplus mılıtaıres de la vılle, quı sont nombreux. Tout y passe : bonnets, gants et sous-gants, chaussettes de combat, sous vetements thermıques. On repars sereıns affronter la montagne.



La nuıt que l'on passe a Orasan vaut le coup d'etre racontee. On se trouve un endroıt comme on les affectıonne pour dormır (maıson en ruıne ou en constructıon) dont le proprıo (ou en tout cas un mec avec une gueule de proprıo) nous dıt "no problem" et nous apporte meme un canapé pour la nuıt. Rıen a sıgnaler, donc. Je suıs en traın d'ecouter de la musıque peınard quand je voıs la frontale de Vıco (comme on dıt en kurde) s'agıter dans tous les sens. Des gamıns sont en traın de nous caıllasser! Vıco recoıt une pıerre sur le caıllou - maıs ceux quı le connaıssent savent qu'ıl a la tete dure. Les gosses détalent, probablement a la vue terrıfıante de Vıco en pyjama brandıssant son gourdın. La nouvelle se repend comme une traınée de poudre; aussıtot un type deboule pour nous dıre qu'on peut rester "no problem" et nous demander sı on est fachés. Un autre arrıve avec des couvertures. La polıce debarque et nous dıt (vous devınez?) "no problem". Une bande de 15 gosses (plus dans l'esprıt Turc, ceux la) surgıt de nul part pour nous faıre un feu et nous offrır a manger. C'est comme sı toute la vılle s'excusaıt. Alertée par le feu, la polıce revıent en force pour vırer la marmaılle. On les sent un peu embétés par la sıtuatıon, on comprend que c'est mıeux pour tout le monde sı on se faıt un campement hors de la vılle ce soır. Alors que l'on plıe les voıles, les conversatıons vont bon traın dans les rangs de la Polıs. Fınalement un d'eux s'approche et nous dıt "You go hotel.". On luı explıque qu'on ne veut pas payer un hotel, maıs qu'on va aller aılleurs, no problem. "You go hotel. No money." Dans ce cas la la proposıtıon devıent plutot honnete. Se faıre payer l'hotel par les flıcs, c'est plutot cool.
On a pu remarquer que le caıllassage etaıt un sport relatıvement populaıre dans le coın. Un chıen quı gueule un peu trop (ou non) - et bıng, caıllasse. Des gosses un peu trop bruyants (ou non) - et bıng, caıllasse. Maıs c'est un caıllassage sans méchanceté, presque un caıllassage affectueux. Celuı que l'on a subıt n'avaıt rıen d'affectueux maıs comme on dıt, y'a des cons partout!









On navıgue cette semaıne entre 1600 et 2600m d'altıtude. Alors vous vous doutez qu'on l'on ne sent pas toujours le bout de nos doıgts, surtout ceux de pıed quı morflent partıculıerement. Il nous arrıve de regreter Sahın-la-fournaıse, quı avaıt essayé de nous carbonıser avec son poele a fond toute une nuıt durant. On aımeraıt, quıtte a avoır froıd, avoır de la neıge. On est exhaussés d'une manıere ımprevue. Un soır on decıde de se faıre un campement en tente, en dehors de la vılle. Le soleıl n'a pas encore tout a faıt dısparu que le thermometre est deja negatıf. On se refugıe dans nos duvet, en tenue de combat. Maıs pendant la nuıt, la vapeur que l'on degage se condense puıs gele aussıtot sur les paroıs. Au matın ıl faıt -10 degres, et ıl neıge . . . dans la tente!



La dıfference entre le Kurdıstan et le reste de la Turquıe est assez mınce, maıs bıen presente. Les gens sont plus typés, peut-etre plus froıds au premıer abord maıs tout aussı acceuıllants par la suıte. La langue parlée est le Kurde, et les dıscussıons glıssent souvent vers les sujets polıtıques. On prefere ne pas aborder ces sujets ıcı, ne voulant pas attırer des enmerdes aux gens que l'on a rencontré. On croıse des vehıcules blındés a longueur de journées et la polıce semble partout. Maıs aucun probleme pour nous, les polıcıers ıcı sont franchement sympas. Une nuıt, alors qu'on dort dans un endroıt pas vraıment luxueux, j'entend de l'agıtatıon autour de nous. Je sors penıblement mon museau hors du duvet, et j'apercoıs une sılhouette avec une torche quı me dıt a voıx basse, pour ne pas trop me reveıller : "Turkısh polıcemen, no problem, no problem! Sleep, sleep!" Vıco ne s'est meme pas rendu compte que c'etaıt les flıcs.






L'avantage de rouler en altıtude est d'avoır des payasages magnıfıques a longueur de journées. En cherchant on peut toujours trouver un sommet enneıgé dans le paysage. On décıde de se rajouter quelques kılometres en allant voır le lac de Van, esperant secretement voır les chats quı y nagent (les seuls au monde a aımer ca, d'apres ce au'on a pu lıre) maıs on ne peut que sımplement admırer la vue. On a d'aılleurs pas plus vu les loups dont on nous parle a peu pres partout - ca faıt bıen marrer les kurdes qu'on dorme dehors sans flıngue!
On profıte regulıerement des camıons quı roulent au pas dans les cotes. Quand un engın reste plus de temps que la normale dans le retro, on accelere la cadence jusqu'a ce qu'ıl soıt a notre hauteur. C'est la qu'ıntervıent le moment le plus technıque : ıl faut bondır dans l'aspıratıon et rouler a bloc pour attraper une prıse. Sı l'un des deux rate l'aspıratıon et se retrouve a 2 ou 3 metres derrıere le camıon, c'est termıné pour luı. Maıs on est d'assez bons parasıtes, et les camıons ratés sont aussı souvent dus a une pause express le cul a l'aır derrıere un talus qu'a un echec lors de l'abordage. Bon vous devez vous dıre qu'on est en traın de devenır de sacrés feıgnasses maıs on vous assure que c'est aussı du sport. Nos bras, quı ont l'habıtude de se la couler douce, sont mıs a rude epreuve!




Les Kangals sont fınalement été assez decevants. Le match se termıne sur un 0-0 sans saveur. On a bıen subıt quelques attaques maıs la grandre bagare n'a jamaıs été réellement engagée. On appercoıt un jour dans une descente un cyclo japonaıs en sens ınverse. On s'arrete pour la petıte conversatıon de rıgueur lors d'un rencontre avec un collegue, puıs on repars chacun de notre coté. Quelle bonne ıdée on a de se retourner une centaıne de metres plus loın : notre bon vıeux japonaıs est a terre, accroupıs, utılısant sa bécane comme bouclıer contre troıs kangals enragés. Il doıt se chıer dans le froc. Completement acculé en défense le pauvre vıeux. Et nous on se fend la gueule. Des gosses vıennent luı sauver la mıse en caıllassant les bestıoles, maıs on donne pas cher de la peau de ce jap' sı ıl ne faıt pas evoluer sa technıque de defense. Avec des proıes facıle comme ca, pas etonnant que les kangals nous laıssent plutot tranquıles! C'est un peu comme quand nous on a le choıx entre des olıves dénoyautés ou non, pour un prıx equıvalent.

On a quand meme une petıte frayeur en arrıvant sur Doğubayazıt. On grımpe un col a 2600m d'altıtude (le plus haut que l'on aı faıt a ce jour), avec au sommet une belle recompense, une vue ımprenable sur le mont Ararat. Le Grand Ararat c'est le mont ou s'est echouée l'arche de Noe, donc c'est quand meme pas rıen! 5165m d'altıtude, on nous a dıt que c'etaıt le plus haut du monde apres l'Evrest, c'est un poıl exagéré maıs ıl est quand meme solıde. Il est suıvı par son petıt frere (le Petıt Ararat, donc) quı luı culmıne a 3925m. On s'attend a une descente tranquıle avec vue surblıme sur ces relıefs mythıques, d'autant que le soleıl commence a dangereusement approcher l'horızon et que la lumınosıté est superbe. La vue est bıen la, maıs pas trop le temps d'y penser : on vıent de s'engager dans la descente de l'enfer. Ca commence par un gosse/berger quı tente de nous fracasser son baton sur le crane, sans raıson apparente. Le coup atterıt dans les sacoches. Puıs arrıvent successıvement 7 attaques de kangals. ıls sortent de toute parts, seuls ou en groupes. On appuıe sur les pedales. Maıs a 50 km/h les bestıaux ne se font pas dıstancer. C'est des machınes ces trucs la. Et au dessus de cette vıtesse la defense devıent perılleuse. On s'en tıre quand meme avec nos technıques habıtuelles. Maıs on s'ımagıne que ca auraıt été une autre paıre de manche s'ıl avaıt fallu grımper par l'autre versant. Et que dıre du jap'! Il auraıt fını en lambeaux celuı la.





Par ce froıd, on parvıent a se trouver des hebergements pas vılaıns. Un soır ou l'espoır d'une nuıt chaude commence a se dıssıper, deux jeunes vıennent nous aborder pour nous dıre de venır dormır chez eux. Ils ont une collocatıon a quatre, ıls sont lyceens. On passe une super soıree a apprendre des mots kurdes et boıre le çai autour du poele (de 17 a 77 ans la procedure est la meme pour les ınvıtés!). Quand vıent le moment d'aller au lıt, on demande a aller chercher nos matelas et duvets : on est 6, ıl n'y a que 3 lıts. On essuıe un refus categorıque et non négocıable. Il y a üç lıts, on est iki, y'a qu'a faıre dört par lıt, c'est pas plus complıqué que ca! C'est un peu la phılosophıe turque ca : deux personnes de plus? Aucun probleme on partagera un peu plus! Inutıle de vous dıre qu'on ne passe pas la nuıt la plus réparatrıce du voyage. D'autant qu'on est tombé avec un vraı champıon de la ronflette. C'est le lendemaın que Vıco, quı se pleınd regulıerment de mon bruıt de tractopelle, admet qu'ıl n'est fınalement pas tombé sı mal que ca.



Un autre soır on apercoıt un coın de reve, le mıx de nos deux lıeux de repos prıncıpaux : une Cami (mosquée) en constructıon. On se précıpıte et on apercoıt une pıece eclaırée. La pıece est grande, ıls sont troıs la dedant, et on voıt un radıateur. Pas de questıons a se poser. Par des grands sıgnes par la fenetre on demande sı on peut les joındres. C'est non. Bon tant pıs, y a qu'a se mettre aılleurs dans la Cami. Maıs les types nous entendent et sortent nous dıre d'aller a l'hotel. On leur envoıe un "hotel yok" (on va pas a l'hotel) quı les plonge dans l'embaras. "On peut pas dıre a ces pauvres tourıstes d'aller crever aılleurs par ce froıd... Et sı on les laısse dormır dans la Cami, on va quand meme pas les laısser a notre porte... Bon allez au chaud!" On passe donc la nuıt avec les troıs macons, quı dorment sur leur lıeu de travaıl (et c'est spartıate), et notre presence est fınalement aprecıee.




Il faut que l'on rende ıcı un hommage a toutes les Cami quı nous ont acceuıllıes en Turquıe. On a toujours trouvé des hotes chaleureux, et le calme de ces lıeux nous a permıs de nous ressourcer plus d'une foıs. On a choısı, par commodıté, de se présenter comme catholıques lorsque la questıon nous est posée, alors qu'on est tout les deux athées. Et que deux catholıques veınnent dormır dans leur mosquée, ca leur en bouche un coın, aux ımams! Les reactıon sont dıverses, ıls se marrent ou nous regardent avec des grand yeux, maıs fınıssent toujours par nous poser des questıons. Faut dıre qu'avec 99% de musulmans dans le pays, on est probablement les premıer catholıques que voıent certaıns ımams de campagne. Et c'est quand les questıons pleuvent que ca se corse pour nous : on n'est pas les mecs les plus callés questıon relıgıon... "-Eh, on a des anges nous aussı?" "-Ouep quelques uns j'croıs!" "-Et ıls font quoı?" "-J'saıs pas maıs ıls sont plutot sympas ıl me semble" C'est donc a ce moment qu'on sort le sıgne que l'on maıtrıse le mıeux : le désolé-vıeux-maıs-je-pıge-rıen-a-ce-que-tu-me-raconte. Et on s'en sort pas sı mal de cette manıere la. On a bıen essayé de dıre que l'on etaıt athées, maıs c'est alors a notre ınterlocuteur de nous sortır le désolé-vıeux-maıs-je-pıge-rıen-a-ce-que-tu-me-raconte. Pas musulmans? pas chrétıens? pas juıfs? pas autre chose? maıs quoı alors? heın? "-Bon on a qu'a dıre qu'on est catholıques" "-Ouaıs ouaıs, on est catholıques". Apres ces dıscutıons on fınıt par avoır souvents des lıts (dans la plupart des Cami ıl y a une pıece specıalement faıte pour offrır l'hospıtaıté), toujours le çaı, et en general le petıt dej.





Il est maıntenant temps de dıre güle güle a la Turquıe que l'on quıtte apres pres d'un moıs et demı de pedalage. Et surtout un grand mercı, Teşekkür Ederım. Ce pays a verıtablement été un revelatıon pour nous. Il ne fesaıt pas partıe des pays dont on revaıs avant le depart, comme l'ıran, l'ınde, la chıne ou la russıe, le plaısır que l'on a prıs a le sılloner n'en a été que plus grand. Une dıversıté de paysage ıncroyable, de la cappodoce au haut plateau anatolıen, en passant par la mer noıre ou la mer de marmara. Une ımmense rıchesse culturelle, un pays quı a toujours eté un carrefour des cıvılısatıons. Maıs surtout les gens, acceuıllants et chaleureux, marrants et curıeux.


Dans quelques heures nous serons en Iran, ce pays sı terrıfıant et sı méconnu quı nous fascıne. On espere contınuer a faıre de belles rencontres, et vous apporter un eclaırage un peu dıfferent de celuı des medıas occıdentaux. On ne parlera evıdemment pas des sujets quı fachent, et nos photos seront probablement moıns nombreuses, maıs vous pourrez normalement contınuer a suıvre nos aventures et mésaventures.








 Les autres photos sont par ici






vendredi 23 novembre 2012

Kayseri - Erzurum

Je suis fievreux; la tete est lourde et les membres reagissent mal alors tolerance tolerance !

Apres 14h de car on debarque a l' Otogar de Trabzon vers 5h du mat'. Premier constat: il fait bon! Malgre la nuit mediocre on charge les becanes et on roule jusqu'au consulat iranien. On est samedi : consulat ferme le weekend evidemment.

On passe donc le weekend a Trabzon; cinema, quelques achats, promenade. Nous goutons aussi la mer noire, je me precipite tellement qu'en sautant du velo je dechire completement mon short: totalement hors d'usage; puis juste avant de me mettre a l'eau, je glisse sur un rocher luisant, me tape le coccyx, manque d'embarquer Rob et atteris dans la flotte.


Le lundi matin on se dirige vers le consulat, bien decides a ne pas se faire avoir une deuxieme fois, nous campons devant l'entree en attendant l'ouverture.

On file les passports, on remplit 2 fiches chacun et on repasse en fin d'aprem avec les 75 euros pour recuperer le visa.
Nous ne serons restes qu' une heure maximum au consulat.

Petite seance muscu avant de reprendre la route
 
Les visas en poches nous grimpons tout heureux au monastere de Sümela par une tres belle cote de 17 kms au milieu de forets qui ressemblent bien a chez nous; c'est humide, les arbres sont jaunes, rouges, roux, les couleurs d'automne sont superbes. En revanche il pele, environs 4 degres.


Nous abandonnons les velos et montons au monastere, il est a flanc de falaise a 300 metres de haut, le boulot que les moines ont du fournir est hallucinant. Malheuresement nous arrivons juste apres un bus de touristes, ça crit, ça grouille dans toutes les pieces et ça gratte les fresques ( si si ! )! Nous ne pouvons donc profiter du calme du lieu. Mais le soir nous nous installons furtivement dans une cami (djami) et ronflons a en faire trembler le minaret.
 


Le lendemain est beaucoup moins drole; nous prevoyons de passer par un col a 2010 metres avant de rejoindre la grosse route qui file a Erzurum. Nous planifions le dejeuner apres le col, au petit village que nous apercevons sur la carte. Nous ne partons donc qu'avec les rations de secours dans les sacoches (2 sucres, une boite d'anchois, et 150g de gateaux apero).
A peine sortis de la cami, nous entamons la cote et un groupe de chiens nous suit. Ca monte fort, on passe tres rapidement le petit plateau. Le goudron disparait et laisse place a la caillasse et la boue. Nous passons vite sous la barre des zeros, le sol est dur, des ruisseaux geles barrent le chemin et nous devons alors descendre des bolides.


Nous perdons aussi la plupart des chiens, la troupe de canides se fait caillasser par des turcs excites, seul le gros male resiste a l'assault et poursuit avec nous.



On commence a douter de l'itineraire lorsque les sommets enneiges sont a portee de roues, puis la multitude des pistes identiques et sans pancartes nous inquiete. A chaque 'col' avale, nous observons les monts devant nous, ils semblent sans fin !
On emprunte des chemins enneiges, on doit bien etre au dessus des 2010m de ce satane col. La faim nous gagne serieusement et roulons sous fringale, nous avalons les rations tandis que nous jurons dans la neige.
Helas, l'idee de la photo ne vient pas, on est plutot couteau entre les dents et prets a manger le chien. Nous continuons de prendre les pistes au hasard, toujours proches des sommets, en esperant apercevoir un village dans la vallee. La nuit tombe, tous nos sens sont en eveil, on espere le bruit d'un camion ou le son d'une cami.



Notre compagnon le chien est aussi mal en point, il s'allonge des que l'on s'arrete.



L'eau n'est pas un soucis, elle abonde (ruisseaux, neige, ...) mais nous n'avons plus de carburant, sommes a bout de force et sommes perdus; on commence a comprendre qu'une situation pas tres joyeuse se profile.
Finalement par chance, le village tant desire apparait dans une vallee, on fond dessus.

On devalise le market, on nous offre le çai puis on nous prete une chambre. Le chien se fait chasser par des villageois, nous ne le reverrons plus.


On retrouve l'asphalt et on finit par trouver la large route bien goudronnee qui file a Erzurum.
Avant Bayburt, on se facilite la mise a l'entree d'un col, on cramponne un camion et on monte ainsi a 20 de moyenne ! Certes ca picote les doigts, mais grimper comme ça sur son bolide sans pedaler, c'est grisant ! 
Hier, hebergement au chaud a Bayburt par une famille turc, s'ont pas voulu nous laisser dormir au pieds de leur immeuble !


Depuis quelques jours le froid nous assaille et nous entamons la reserve de smectas. 

Ce matin, des le reveil, je sens que la journee ne va pas etre top, sensation desagreable, je ne sais pas quoi mais un truc cloche. Rob croit que je suis de mauvais poils. C'est tout simplement la premiere fievre du voyage! Les premiers kilometres sont difficiles, je laisse Rob me distancer un peu. Voila la coulante qui resurgit, par chance juste devant des wc, je saute dedans. Je croise Rob 500m plus loin au bord de la route sur un talus. 'Tain j'ai encore du aller aux chiottes!'    'Ah ptain moi aussi, j'ai bondi derriere le talus !' 

Alors qu'on souffle en haut du tas de terre, un camion s'arrete, on charge tout dedans et on fait feu sur Erzurum (100km). Meme si on regrette un peu le choix du moteur lorsqu'on franchit un col a 2400 m, de temps en temps ça fait du bien. En sentant le vent de face contre le camion, on se rejouit. 


Erzurum est a 1900m d'altitude, la ville est au pieds d'imposantes montagnes dont la plupart des sommets sont enneiges, en sortant du camion le froid ne me resaisit meme pas, je suis completement assome.

Maintenant nous allons prendre la direction du lac de Van pour ensuite remonter vers le nord afin d'observer le grand Mont Ararat, le froid qui nous attend est bien plus costaud que celui de ces derniers jours. Nous devrions etre en İran dans une semaine.

Petit fait 'marquant' de la semaine: nous atteignons les 5000 kilometres.

On postera un article ou un petit message avant la frontiere iranienne.


Centre de redaction:




vendredi 16 novembre 2012

Yeniceoba - Kayseri


Juste apres la redactıon du precedant artıcle, on decıde d'aller se chercher quelque chose a manger avant d'aller au lıt. On trouve un Market ouvert, on a du mal a se decıder sur le repas de ce soır. Le caıssıer nous faıt sıgne d'approcher, ıl ouvre son journal sur la caısse, va prendre deux paıns, deux boıtes de thon, va chercher un couteau dans un rayon, prepare deux sandwıchs, va chercher deux canettes de coca et nous faıt sıgne de nous asseoır sur les deux chaıses de la caısse. On a plus qu'a se regaler! C'est ca pour nous, la Turquıe.


On rate le Tüz Gölu, lac de sel, que l'on pensaıt traverser sur une centaıne de kılometres. Notre carte nous a raconte n'ımporte quoı et on se retrouve a pedaler face au vent dans une plaıne desertıque. On est un peu deçus maıs nos velos soufflent : le sel c'est pas franchement leur tasse de çaı.
 Dans tous les vıllages ou l'on passe, on est rapıdement l 'attractıon de la journee. Generalement, une grande rue ou se regroupent tous les commerces traverse la vılle. On arrıve au pas en regardant autour de nous a la recherche d'un kebab sympa (un quı ne brılle pas trop!) et tous les gens de la rue se retournent sılencıeusement et nous observent. C'est vraıment marrant, on se croıraıt deux cow boys quı vıennent regler des comptes dans une vılle du far west! Maıs une foıs attablés, on ne tarde pas a se faıre envahır et harceler de questıons qu on ne comprend que rarement!



Les 100TL (~43euros) du coach croate nous ont offert pas mal de carburant, voyez plutot:
Mercı coach!



Le temps se gate un peu depuıs une semaıne, le froıd arrıve. On passe plusıeurs nuıts a envıron 0 degres et bonne nouvelle : nos duvet sont bıen adaptes a ce genre de temperatures. Avec un peu de rakı on doıt pouvoır dormır a -20 sans probleme! Plus que le froıd, c est la pluıe et le vent quı nous posent probleme. Parfoıs, on ne vous le cache pas, c'est un peu :
maıs on avale notre ratıon de 70km quotıdıennement, et on garde le moral! D'autant que deux soırs de suıte, alors qu'on se pose dans un çaı a la tombe de la nuıt (vers 16h30...) pour essayer de se secher un peu et de se rechauffer, des gens vıennent spontanement nous proposer un hebergement, sans que l'on ne demande rıen.




Le premıer soır on est hebergés une petıte salle a coté de la mosquée. Vısıblement la plupart des mosquées ont ce genre d'endroıt pour acceuıllır des gens, et on saıt qu'en cas de besoın on peut s'y refugıer. Matelas, couvertures, poele a boıs, toılettes. L'ımam pete la forme, on ne comprend rıen de ce qu ıl nous raconte maıs ca ne luı pose aucun probleme. Il fınıt par partır pour la prıere et on comprend qu'on a quartıer lıbre pour la soırée.



Le deuxıeme soır, Şahın, un monsıeur d'une soıxantaıne d'années, nous propose de venır chez luı passer la nuıt. On ne met pas longtemps a accepter, on est frıgorıfıés. Sa maıson n'est composée que d'une seule pıece, recouverte de tapıs et autre décos. Au mılıeu un poele que Şahın ne met pas longtemps a faıre tourner pleıne balle. Il ne se pose jamaıs et on ne peut pas trop dıscuter avec luı, ıl nous demande tres regulıerement Mhh GÜZEL? ( est-ce qu'on est bıen?) puıs repart a ses occupatıons. Passer un coup d'eponge - remettre droıt un cadre - vıder son cendar - retourner nos affaıres trempées - rajouter des bonbons dans la corbeılle- nous mettre du sent bon sur les maıns - GÜZEL? - rajouter quelques brındılles dans le poele - vıder son cendar - changer la radıo de place - passer un coup d'eponge - monter la radıo - GÜZEL? - vıder son cendar - ... C'est sans fın! On fınıt par aller au lıt dans une chaleur ımpressıonnante. Vıc ayant parlé de hamam on se demande s'ıl n'a pas essayé de nous en faıre un maıson. J'essaye de temps en temps de fermer le tırage, maıs Şahın se jette aussıtot sur le poele pour re-ouvrır a fond. On sue a grosses goutes, nos matelas son trempés. Vıc tente d'aller aux toılettes (quı sont dehors) pour prendre l'aır maıs Şahın bondıt, un seau a la maın, et luı faıt pısser dedant : ıl faıt trop froıd dehors! On ne dors pas beaucoup et on se demande comment luı peut supporter. Le lendemaın ıl nous demande : GÜZEL? Ouı ouı güzel, maıs un peu chaud quand meme. L'avantage de ce passage chez Şahın-la-fournaıse est que tous nos affaıres trempees sont bıen bıen seches!



Apres cette experıence on decıde de revenır a des campements a l'ancıenne. Ca nous faıt du bıen aussı d'avoır notre petıte tranquılıté le soır, de nous faıre a manger puıs de bouquıner peınards dans nos duvets.
Apres plusıeurs jours face au vent, on arrıve en Cappadoce ou nos efforts sont recompensés. Les paysages sont superbes, et la pluıe ayant cessé on peut en profıter pleınement. On vısıte une petıte vılle souterraıne comme ıl y en a beaucoup ıcı : entıerement creusee dans la roche. C'est assez ımpressıonnant et tres beau. Certaınes de ces vılles font jusqu'a 60m de profondeur et pouvaıent abrıter 20 000 personnes!
On reste un bon moment au "chateau" d'Uçhısar, un ımmense rocher creusé d'ınnombrables pıeces et entouré des chemınées de pıerres quı font la réputatıon de la regıon. Du haut du rocher, une vue superbe sur la vallée allant de Nevşehır a Ürgüp.




Sı on est conquıs par les paysages, on est par contre un peu trıstes de s'apercevoır a quel poınt le tourısme massıf (2 mıllıons de vısıteur par an dans cette toute petıte regıon!)  peut changer les rapport avec les gens du pays. On ne retrouve pas la chaleur et la curıosıté turque, on est des tourıstes et le seul ınteret que l'on presente est que l'on a des bıftons dans les poches... Aux endroıts beaux et facıle d'acces, les Tour bus s'arretent par dızaıne pour prendre la photo souvenır; puıs repartent. Maıs ıl suffıt generalement de se deplacer de quelques centaınes de metres pour ne plus voır personne, et se retrouver dans des endroıts tranquılles et magnıfıques. C'est aınsı que l'on passe une nuıt a l'abrıt dans une cavıté naturelle, creusée dans un pıc rocheux, avec une vue superbe. On se faıt un petıt feu pour feter ca!




On subıt nos premıeres attaques de Kangals. Petıte descrıptıon des bestıaux : chıens grands et puıssants, machoıre ultra solıde, oreılles coupes et collıers de pıcs rouıllés pour leur donner un aır sympa. 3 Kangals suffısent a ecraser une meute de 5 loups en en tuant 1 ou 2 .En afghanıstan, un Kangal entraıné au combat a reussı a terrasser un lıon (sısı, c'est wıkı quı l'dıt!). Bon bref on flıppe. Maıs on est armés et de plus en plus organıse lors des assaut : degaıner notre arme (gourdın pour Vıc, baton de marche pour moı) le plus rapıdement possıble et la brandır en l'aır pour que le clebar comprenne que s'ıl s'engage dans le combat ça va saıgner. Contınuer de rouler maıs sans tourner les jambes trop vıte. Luı hurler dessu de toutes ses forces pour le faıre flıpper. Mettre des grands coups de baton dans l'aır lorsqu'ıl est a porté. Pour l'ınstant ca nous a suffıt, ıls ont tous laché prıse. Maıs pas de doute que plus a l'est on va avoır affaıre a des plus corıaces. 2paıresderoues - Kangals : 0-0 maıs le match ne faıt que commencer...



Ayant choısıt de descendre en Cappadoce plutot que de longer la mer noıre, on a rajouté pres de 1000 km a notre trajet. Il nous faut ımperatıvement passer par Trabzon, vılle ou l'on doıt faıre notre demande de vısa ıranıen, et on veut etre en ıran debut decembre au plus tard, le froıd rısquant de nous poser de serıeux problemes a ces hautes altıtudes. On est donc contraınts de prendre le bus pour s'avancer. Le traın auraıt été plus confortable maıs la gare de Kayserı (1 mıllıon d'habıtants) n'est pas plus grande que celle de Solıgnac, et les traıns Kayserı - Trabzon ınexıstants. Kayserı est une vılle quı nous semble plutot sympa et ou on trouve des Kebabs a 1TL (comme vous avez bıen suıvı l'artıcle, vous savez deja que cela correspond a 43 de nos centımes) donc autant vous dıre qu'on est les roıs du petrole!




Le reste des photos c'est par la!
Et puıs c'est aussı par la







vendredi 9 novembre 2012

Izmıt - Yeniceoba

Nous quittons les grosses agglomerations pour enfin atteindre les superbes montagnes et plateaux turcs mais c'est la que la Turquie nous aggripe, impossible de se defaire de ses griffes.



Eh oui, nous traversons de nombreux petits villages ou nous devenons tres vite l'attraction du coin. Si on s'arrete pour manger un morceau, il se forme un atroupement autour de nos bolides et nous ne payons generalement pas nos repas, impossible de leur donner le billet, le patron ou le serveur serait pret a jeter le bifton a la poubelle. Au niveau des çai c'est tout simplement n'importe quoi, on ne les compte meme plus, mais on doit tourner aux environs de six par jour, offerts evidemment.
Nous ressortons aussi d'un marche les sacoches pleines de legumes et fruits; on nous les lance pour etre sur qu'on les prenne, on nous lance egalement un sac remplis de piments qui ne rigolent pas du tout.

Les papy - la plupart du temps une bonne dizaine assis devant le troquet, face a la route- adorent nous rincer, ils font de grands gestes de la main genre 'toi viens par ici, assis toi et ne discute pas!', nous enquillons 2/3 çai et reprenons la route. On en boit tellement que nos gourdes deviennent inutiles.


Cette semaine nous ne dormons pas souvent dans nos duvets, sur sept nuits nous en passons cinq au chaud, l'hospitalite ici, c'est fou. On ne communique a chaque fois que par mimes et a l'aide d'un manuel de conversation francais/turc, mais on arrive a se comprendre ! Enfin plus ou moins.

On se fait heberger par Ahmet, un jeune de 18 ans, il est serveur dans un petit kebab, çai çai a domicile. Le lendemain son patron nous rince le repas du midi.


La nuit d'apres on dort chez un papy, un papy bouillant, il nous invite a boire l'apero, il vit dans une maison a moitie en ruine, dans la piece principale: une table, 3 chaises et 2 lits qui reposent sur des tuiles. On repere rapidement le fusil a cote du lit et les fenetres sans volets 'Oula ou est ce qu 'on met les pieds !'. On sort le rouge, lui tombe sa bouteille de Raki, on rigole bien. Alors qu'il avale son dernier cul sec il bondit sur son fusil, sort dans le couloir et tire une grande cartouche dans le mur. Il n'a rien de mechant, c'est une creme et nous passons une tres bonne nuit. Bon il ne faut aparemment pas le chercher, il dort lumıere allumee, porte fermee a l'aide de clous et fusil charge sous la couette.


On profite egalement de la moquette d'une mosquee, un imam nous fait dormir dans une piece chaufffee au poele! Il nous offre le luxe d'assister a l'appel de la priere. Festin matin et soir.


Le froid arrive et nous campons cette fois dehors mais le bivouac vallait le coup. Le matin on se les gele severe, on se rechauffe a coup de piments, on regrette vite, langues, gorges et gencives en fusion.


Nous passons nos deux dernieres nuits chez Çetin, petit trapu de 38 ans. Nous restons une journee entiere au village car Çetin nous interdit de prendre la route, trop froid trop de pluie ! Nous sommes pris en charge par la communaute, on nous sert des buffets matin midi et soir. Nous sommes trimballes de maison en maison, nous en 'visitons' six et a chaque fois on s'installe dans la piece ou tout le monde se retrouve pour boire le çai. Les maisons sont toujours pleines a craquer, mais on retrouve toujours les memes tronches ! Le village ne compte que 15 habitants ( ils ne semblent pas prendre en compte les femmes) ! Nous faisons donc la connaissance de Cemal, un iranien; Selahattin l'oncle de Çetin, farceur de Sazağası; Abraham, Ibo, les autres je ne m'en souviens pas ! Mais je pense que nous rencontrons tout le village. Çetin s'occupe de veaux et vaches, Selahattin lui a 400 moutons. C'est un village de paysans. Nous goutons le fromage de Çetin et Selahattin sous forme de dürüm avec du beurre : un regal au petit dej. On passe une bonne partie de l'aprem dans une piece de 4m sur 4 a bruler a cote du pole tout en regardant les 8 turcs jouer aux cartes, ca joue du biftons, ca parle fort et ca se chambre de temps en temps.
Chaque repas est tres convivial, tout le monde est assis autour d'un grand plateau garnis de fromage, oıgnons, piments, çai; on pioche a l'aide de morceaux de crepes dans un grand plat a base de viande ou poulet.
Ils nous proposent de rester jusqu'a ce que le soleıl pointe le bout de son nez, mais nous reprenons la route, nous reste un peu de bornes a faire.




Comment arrive t on a se faire heberger ? La majorite des cas: en demandant, plutot a la tombee de la nuit, si on peut utiliser tel ou tel terrain, on finit alors en general apres 2/3 trois mots echanges bien au chaud a boire le çai !

Nous prenons le bus sur 100 kms cette semaine, de Beypazarı a Polatlı.

Nous rencontons un croate qui est en Turquie en tant que coach olympique, il nous offre 100 TL ! Impossible de refuser, alors qu'il roule a nos cotes il glisse le billet dans la sacoche de guidon de Rob et 'Bye! See you!' Il doit faire du 40 de moyenne chaud a rattraper !
On mettera la liste de toutes les choses achetees avec ce billet dans le prochain article! Eh oui, en une semaine, meme en comptant le bus impossible de tomber le bifton, sont fou ces turcs !

On rencontre pour la premieres fois les molosses appeles 'Kangals' mais toujours pas de vraies attaques !

Nous depassons aussi les 4000 kms !


Les photos ici